Le forum : un rendez-vous réussi !

Locataires de la rue Jean Macé, élus politiques et invités étaient au rendez-vous ce matin, à 10h à l'Espace Inter-G. Une centaine de personnes s'est ainsi présentée à différents moments de la matinée pour assister au premier forum de sensibilisation et d'information organisée par l'Amicale des Locataires autour du thème de la vente à la découpe.

Pour l'occasion et pour donner aux locataires la possibilité d'avoir accès à des informations et des expériences concrètes, l'Amicale a invité plusieurs intervenants qui, à tour de rôle, ont présenté selon leur domaines de compétences les diverses facettes d'une telle procédure de vente.


Le premier intervenant, M. Masset, est président d'une Amicale de résidents dépendant d'ICADE à Ermont dans le 95. Son expérience personnelle en tant que locataire militant l'a souvent confronté à des situations de conflit avec le bailleur, en particulier pour obtenir le reconventionnement des logements et éviter ainsi la flambée des loyers. Homme de mobilisation, M. Masset a clairement fait comprendre aux locataires que seule l'action constante et la pression permanente sur ICADE pouvaient conduire à des résultats probants : recours au Ministère du Logement, rassemblements à la mairie, travail de fond avec les associations de défense comme la CLCV à laquelle l'Amicale des Locataires est affiliée, chaque action doit être l'occasion d'une mobilisation massive. M. Masset a beaucoup insisté sur la clarté du message que les locataires souhaitent faire passer. L'opposition à la vente doit non seulement apparaître comme une évidence mais elle doit en plus s'accompagner de véritables propositions relatives au conventionnement.

La seconde intervention a été réalisée par Mlle V., expert immobilier, qui a présenté aux locataires et aux invités, tous les tenants et les aboutissants d'un choix comme celui de la vente à la découpe par une société-bailleur. L'explication détaillée offerte par la jeune femme, à coup de feutre sur un paperboard, a suscité toute l'attention du public. Elle a en effet permis aux locataires de comprendre que la promesse d'ICADE de ne pas procéder au congé pour vente ne les protégeait nullement. Elle induit au contraire la possibilité pour ICADE de recourir à la "vente occupée", procédure qui permet à un bailleur de vendre un bien occupé par un locataire à un acquéreur tiers. Ainsi, le locataire ne dépendrait plus d'ICADE mais d'un autre propriétaire qui pourrait, lui, recourir, au congé pour vente.



M. Gilles Saint-Gal, Conseiller Général au Département, a ensuite pris la parole pour enfoncer le clou sur la stratégie de marchandisation choisie par ICADE, sur la menace que la vente à la découpe représente pour le logement social et sur la nécessité absolue de continuer à refuser la vente. Il a toutefois indiqué qu'il n'était pas de bon augure que le maire de la ville recourt à son droit de préemption sur tous les logements du 7 tant cela encouragerait d'autres bailleurs à vendre de la même façon et à engager le maire dans une logique perpétuelle de rachat. La meilleure solution reposerait donc sur la reprise du bâtiment par un bailleur social.

Kaissa Titous, membre de la Coordination Antidemolition des quartiers populaires, a pointé du doigt le fait que le cas du 7 Rue Jean Macé n'était pas un cas isolé, que dans d'autres quartiers, des milliers de logements sont détruits et que l'on se dirige vers un système global de ventes massives. Elle a notamment cité l'exemple de la ville de Sarcelles où le même bailleur ICADE tente de vendre 1700 appartements, l'exemple de Courbevoie où 250 logements sociaux sont destinés à être vendus à un fond de pension russe. Elle a donc appuyé la parole de M. Masset pour le conventionnement, seule vraie garantie contre les agissements d'ICADE.

Une autre intervention a été celle de Pascal Clerget, Adjoint au Maire. Il a mis en avant l'idée qu'un tel projet de vente allait sans doute créer une déstabilisation de l'équilibre sociologique du quartier des Larris. Interpellé par l'évocation de la "vente occupée", il a notifié l'engagement de la mairie contre ce type de procédure qui fragilise le locataire. Concrètement, il demande à ICADE d'accepter la convention ANRU et le conventionnement des bâtiments 3. 5. 7 Rue Jean Macé. Il en a appelé à un rachat par un bailleur social et a mis l'accent sur l'existence de logements inoccupés dans le bâtiment 7.

Le dernier intervenant, Mohamed Seye, Conseiller Municipal représentant le parti socialiste, a évoqué une politique générale destructrice vis-à-vis des logements sociaux et interpelle le gouvernement sur le fait que les élus locaux travaillent aux côtés des locataires et des citoyens en général. Il en a appelé à mobiliser l'ensemble des élus du Val de Marne sur cette question.

Enfin, la conclusion a été apportée par la secrétaire de l'Amicale, Asma Sassi, qui a remercié les locataires d'être venus aussi nombreux, prouvant ainsi à ICADE qu'ils étaient mobilisés et que le bailleur n'avait donc pas besoin d'envoyer des lettres nominatives individuelles pour savoir si les résidents voulaient rester locataires ou acheter. Elle a notamment conseillé aux locataires d'être vigilants quant à la visite de techniciens sollicités par ICADE et de rester en contact permanent avec l'Amicale et les experts qui sont le plus à même de les infomer et de les conseiller.

Le forum s'est achevé autour d'un pot offert par les locataires. Les dicussions ont été nombreuses, les locataires appréciant la présence de spécialistes ou de gens expérimentés capables de les renseigner et de les orienter. Nous remercions tous les locataires qui ont été présents aujourd'hui pour l'aide et le soutien qu'ils ont apportés à l'organisation de ce forum qui a été un franc succès. Nous remercions nos intervenants d'avoir accepté nos invitations et d'avoir été aussi clairs avec leur public. Nous remercions les invités, élus politiques et autres pour leur déplacement et leur participation à l'animation du forum. Enfin, nous transmettons les excuses présentées par notre conseillère juridique, Maggy Deck, pour ne pas avoir pu se libérer aujourd'hui.